Pour plus d'informations sur les arts axés sur la communauté et pour télécharger Encadrer la communauté, voir : Ressources pour les arts axés sur la communauté.
Dans ces entrevues, les artistes pluridisciplinaires Djennie Laguerre, Nicole Bélanger et Stef Paquette décrivent leur expérience de la création de projets artistiques communautaires. Ils mentionnent entre autres la façon d'aborder la collaboration avec les membres de la communauté, l'évolution des projets au fil du temps et les résultats – tant pour les participants que pour eux-mêmes en tant que praticiens des arts.
Artistes interviewés
Djennie Laguerre, artiste en milieu communautaire, comédienne, écrivaine et conteuse
Intervenante : Djennie Laguerre
Durée : 00:10:39
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Bonjour. Mon nom est Djennie Laguerre. Je suis une artiste en milieu communautaire, comédienne, écrivaine et conteuse, basée à Toronto. Dans cette courte présentation audio, je vais présenter quelques-uns des principes fondamentaux de l’art axé sur la communauté, offrir quelques conseils utiles sur ce à quoi il faut penser lors de la planification d’un projet en milieu communautaire, et proposer des ressources supplémentaires pour les artistes et les institutions travaillant dans ce domaine.
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Cette présentation pourrait s’avérer être très utile s’il s’agit de votre première demande de subvention dans le cadre du projet Artistes en milieu communautaire et scolaire du Conseil des arts de l’Ontario. Elle pourrait également servir aux galeries et aux institutions culturelles qui souhaitent travailler avec de nouvelles communautés, aux institutions non-artistiques qui envisagent de travailler avec des artistes, ainsi qu’aux artistes qui souhaitent réaliser des projets artistiques dans les environnements non-artistiques comme des écoles, des hôpitaux ou des parcs.
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Tout au long de cette présentation, je vais faire référence au manuel Encadrer la communauté : manuel sur l’art axé sur la communauté. Encadrer la communauté est un outil en ligne qui comprend une discussion plus approfondie de l'histoire et des principes ayant trait à l’art axé sur la communauté. Cet outil offre des conseils, des suggestions et des ressources supplémentaires et il comporte également dix exemples inspirants de projets menés en milieu communautaire à travers l’Ontario. Vous pouvez le télécharger gratuitement sur le site du Conseil des arts de l’Ontario.
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Alors, pour commencer, qu’entendons-nous par art axé sur la communauté? La réponse courte est que cela englobe une très large gamme de pratiques artistiques. Des artistes collaborent avec les communautés de toutes sortes de façons en tenant compte du contexte dans lequel elles se retrouvent et en développant des processus créatifs qui sont pertinents et réalisables dans le cadre dudit contexte.
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La seule véritable caractéristique essentielle de l’art axé sur la communauté est que les artistes professionnels et les membres de la communauté doivent adopter un processus créatif collaboratif. Les artistes de l’Ontario travaillent avec les communautés locales en réunissant les résidents d’un quartier ou d’une région avec les communautés de travailleurs comme les infirmières et les infirmiers spécialisés en soins palliatifs ou bien les travailleurs migrants ou avec leur propre communauté culturelle.
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Ils ont également créé de nouvelles communautés par le biais de leur pratique artistique et en attirant des personnes qui ont des expériences et des préoccupations communes.
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Un élément commun de l’art axé sur la communauté est que les participants jouent un rôle actif dans le processus artistique. Idéalement, tout le monde peut contribuer d’une façon concrète, peu importe s’il s’agit de l’artiste qui mène le processus ou d’un participant qui ne se joint au processus qu’une seule fois. Le fait est que personne ne peut réaliser ce travail seul.
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Lorsqu’on parle d’art axé sur la communauté, il peut s’agir de la création d’une œuvre émanant des compétences et des connaissances collectives du groupe, ou bien de la création d’un travail individuel ou de groupes réalisés par des participants qui ont appris et qui appliquent de nouvelles compétences.
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L’artiste ontarienne Sara Febrero a demandé à des aînés italo-canadiens de sa communauté de Sault-Ste-Marie de lui apprendre leur technique traditionnelle de préparation et de conservation de la nourriture. Vous pouvez en savoir plus sur son projet dans Encadrer la communauté, l’outil en ligne du Conseil des arts de l’Ontario, qui traite de l’art axé sur la communauté.
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Une autre caractéristique commune des pratiques d’art axées sur la communauté est qu’elles prennent longtemps à compléter. Dans ce domaine, le processus importe. Non seulement êtes-vous en train de créer une œuvre collectivement, vous êtes également en train d’établir des relations les uns avec les autres et d’arriver à de nouvelles formes de compréhension réciproque. Vous pouvez généralement vous attendre à ce qu’un projet axé sur la communauté prenne beaucoup plus de temps qu’un projet artistique individuel ou qu’un projet qui est étroitement contrôlé par une petite équipe.
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Lorsque vous planifiez un projet axé sur la communauté, il est souhaitable d’allouer un certain temps aux situations imprévisibles et aux activités sociales, comme manger ensemble. Le processus de co-création donnera certainement naissance à de nouvelles idées, ce qui mènera à de nouveaux thèmes et à de nouveaux débouchés artistiques.
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Nous souhaitons également aborder brièvement quelques idées fausses en ce qui concerne l’art axé sur la communauté. La première idée fausse est que l’art axé sur la communauté n’a trait qu’à l’enseignement de techniques ou qu’au renforcement de compétences. La formation artistique où un artiste professionnel forme une personne non-professionnelle ne répond pas à la définition que nous nous faisons de l’art axé sur la communauté. Selon nous, l’art axé sur la communauté est caractérisé par l'échange de compétences et de connaissances où tout le monde est enseignant et tout le monde est étudiant.
[00:05:46 à 00:06:05]
Il va sans dire que cela ne signifie pas que tous les participants ont les mêmes compétences ni que les artistes professionnels n’enseignent pas de techniques au cours du processus. En revanche, cela signifie la reconnaissance du fait que tout le monde apporte quelque chose de précieux.
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Par exemple, les artistes professionnels Jo SiMalaya Alcampo et Althea Balmes ont collaboré avec les travailleuses philippina migrantes pour leur projet Kwentong Bayan: Labour of Love, qui est une bande dessinée axée sur la communauté. Elles ont apporté leurs compétences en écriture et en illustration au projet, tandis que les femmes avec lesquelles elles ont collaboré ont partagé leur expérience de vie, leurs histoires et leurs perspectives. Et, plus tard, offert une rétroaction sur chaque ébauche de la bande dessinée. Vous pouvez en apprendre plus sur ce projet en consultant l’outil en ligne Encadrer la communauté.
[00:06:49 à 00:07:25]
Une autre idée fausse à l’égard de l’art axé sur la communauté est qu’il implique un processus de création artistique qui n’emploie que des non-professionnels ou qui s’intéresse tout simplement au fait de donner aux communautés l’accès à des matériaux artistiques. Les débouchés importent lorsqu’il s’agit de l’art axé sur la communauté. Tout comme c’est le cas pour d’autres pratiques artistiques. Dans ce domaine, le processus collaboratif permet de découvrir de nouvelles perspectives, de formuler de nouvelles questions et de créer quelque chose de puissant.
[00:07:26 à 00:08:13]
Je vais maintenant parler brièvement des choses auxquelles il faut penser lorsqu’il s’agit d’organiser un projet axé sur la communauté. Tout d’abord, il est important de réfléchir sérieusement à la communauté avec laquelle vous comptez travailler. Quelle est la relation que vous entretenez avec cette communauté? Cette communauté recèle-t-elle des tensions, des déséquilibres de pouvoir ou des cliques différentes? Dans quelle mesure cette communauté est-elle diverse sur le plan interne? Peut-être plus important encore, si vous êtes un artiste ou si vous travaillez pour une institution culturelle, il serait utile de réfléchir à la raison pour laquelle vous voulez travailler avec cette communauté et à la façon dont le travail pourrait leur bénéficier.
[00:08:13 à 00:08:44]
Une autre série de questions auxquelles penser lorsque vous planifiez un projet au trait de pratique artistique en tant que tel : comment votre pratique artistique va-t-elle contribuer au processus? Qui sont les artistes dans la communauté? Sont-ils reconnus professionnellement? Et comment pourraient-ils éventuellement contribuer au projet? Quelles sont les formes culturelles qui pourraient éventuellement être bien accueillies par cette communauté? Et si vous n’y avez pas été grandement exposé, à qui pourriez-vous demander de l’aide?
[00:08:45 à 00:09:35]
Enfin, il est important de réfléchir au rôle que jouent les différents partenaires du projet et à la manière dont les partenaires du projet pourraient fonctionner différemment l’un de l’autre. Qui sont les experts? Y compris les experts culturels et communautaires. Un organisme partenaire dispose-t-il de plus de fonds qu’un autre? Les divers partenaires ont-ils des règles ou des mandats qui doivent être intégrés au projet? Il pourrait y avoir des différences culturelles entre les différents partenaires du projet et il pourrait avoir des opinions divergentes. Le fait de discuter à l’avance de ces différences finira par permettre de renforcer les relations entre les partenaires du projet et prévenir des maux de tête plus tard.
[00:09:36 à 00:10:04]
Il est particulièrement important de vous comprendre les uns les autres. Lorsque vous lancez un projet axé sur la communauté au nom d’une institution qui dispose de plus d’argent ou qui a une plus grande visibilité que la communauté avec laquelle vous travaillez. Encadrer la communauté, l’outil en ligne du Conseil des arts de l’Ontario, vous propose une liste exhaustive de questions à considérer lors du lancement d’un projet axé sur la communauté.
[00:10:05 à 00:10:39]
Nous sommes arrivés à la fin de cette présentation audio. Si vous souhaitez obtenir des détails plus approfondis à ce sujet, veuillez vous référer au manuel Encadrer la communauté : manuel sur l’art axé sur la communauté du Conseil des arts de l’Ontario que vous pouvez télécharger gratuitement en format PDF. Vous trouverez dans ce manuel les exemples inspirants de projets basés en Ontario, une liste d’autres organismes subventionnaires et des dizaines d’autres ressources sur les pratiques artistiques axées sur les communautés. Nous vous souhaitons bonne chance.
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Nicole Bélanger, artiste visuelle et muraliste
Intervenante : Nicole Bélanger
Durée : 00:06:10
[00:00:00 à 00:00:21]
Mon nom est Nicole Bélanger. Je suis artiste visuelle et j’œuvre dans le monde des murales ça fait déjà au moins 19 ou 20 ans à peu près. Et je suis originaire du nord de l’Ontario, artiste franco-ontarienne avec des racines algonquines. Donc, je suis métisse.
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J’ai travaillé beaucoup les murales communautaires et les murales dans le milieu scolaire. Alors, il y a trois types de murales que je fais : il y a la murale peinte qui est assez évidente. Alors, c'est la peinture. Ensuite, il y a la murale en relief, sculptée dans l’argile, qui représente des projets assez de grande envergure, des gros projets. Et finalement, dans les dernières quelques années, j’ai développé un autre type de murale contemporaine pas mal le fun que moi j’appelle la murale digitale.
[00:00:59 à 00:01:34]
Et le processus de la murale digitale, c’est que je regroupe la peinture, la sculpture, le bricolage, le travail de la matière. On crée avec la matière une image tridimensionnelle. On la photographie avec une super bonne photo digitale. Ensuite, on l’agrandit aussi énorme qu’on veut l’avoir. J’ai des projets qui sont comme 40 et quelques pieds de haut. Des murales géantes. Donc, la murale finale, c’est une photo digitale de la création en trois dimensions.
[00:01:35 à 00:01:55]
Alors, le projet qui m’a marquée le plus profondément, c’était une murale communautaire pour la Ottawa Mission qui est une mission pour les sans-abris à Ottawa. C’est que c’était un projet avec des défis énormes.
[00:01:56 à 00:02:17]
Quant aux participants, même le milieu, parce que ces endroits-là typiquement n’ont pas beaucoup d’espace libre. Alors, il fallait fabriquer quelque chose d’énorme dans un petit endroit avec des participants qui eux-mêmes ont déjà différents problèmes.
[00:02:18 à 00:02:38]
Et le but, pour la Ottawa Mission, c’était de créer pour leur chapelle cette murale de céramique sculptée en relief qui était à peu près de 19 à 20 pieds de large par 9 pieds de haut. Donc, c’était assez énorme. Quand on pense argile, c’est des gros projets.
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En général, les hommes n’avaient aucun talent qu’ils disaient, mais beaucoup, beaucoup d’intérêt. Quelques-uns avaient du talent, avaient un talent artistique, mais la majorité, je dirais, ont découvert en eux un talent incroyable. Et travailler l’argile, pour ceux qui ne l’ont jamais fait—c’est une expérience tellement plaisante, tellement viscérale, travailler dans l’argile. Et… j’avais des gens, des hommes qui venaient et qui revenaient et qui revenaient et qui ne voulaient plus partir tellement ils aimaient ça faire ça.
[00:03:14 à 00:03:44]
Le résultat final est absolument phénoménal. C’est de toute beauté! Finalement, j’ai fait, j’ai créé le cadre et c’est eux qui ont créé tout l’intérieur de la murale. Ça fait que c’est vraiment, ça a pris en tout et partout 30 jours à fabriquer la murale. Ça c’est la première partie du processus. Parce qu’après, il y a tout le séchage puis les engobes puis la cuisson puis l'installation, mais le gros, ça a pris 30 jours de fabrication.
[00:03:45 à 00:04:06]
La Ottawa Mission m’ont reçu à bras ouverts. Ils étaient tellement excités de ce projet-là. Ils reconnaissaient les enjeux difficiles de la clientèle et de la place physique qui n’était pas assez grande. Alors, il fallait vraiment être très créatif pour venir à bout de venir à créer.
[00:04:07 à 00:04:43]
Mais ça a été vraiment une expérience… Moi, ça m’a transformée. Ça a changé à jamais premièrement ma relation avec les gens qui ont des difficultés, les gens qui n’ont pas d’abri. Parce qu’il faut le vivre pour le savoir, la difficulté que ces gens-là ont. Et j’ai vécu des expériences tellement chaleureuses, tellement enrichissantes que c’est resté. C’est pour ça que ce projet-là m’est si cher. Et le résultat est fantastique. Je veux dire, les gens qui la voient n’en reviennent pas. Tu sens vraiment l’amour dans cette murale-là.
[00:04:44 à 00:05:21]
Le conseil le plus important que je donnerais à n’importe qui qui veut commencer ce type de projet avec un organisme communautaire ou scolaire, c’est la communication qui est importante. Puis ne pas communiquer par téléphone ou courriel. Il faut que tu te rendes en personne, que tu rencontres les gens qui sont intéressés, qui veulent. Ils disent qu’ils veulent le projet. Tu te rends en personne. Tu t’assois et tu discutes. Parce que bien souvent, en discutant, tout d’un coup, leur optique change sur ce qu’ils veulent. Et on va changer de mur, d’endroit. On va changer des fois de matériaux parce qu’on ne savait pas ci, on ne savait pas ça. Alors, c’est là, dans ces échanges-là.
[00:05:22 à 00:05:33]
Par la suite, moi, je retourne chez moi avec l’information. Je l’écris. Je leur envoie un courriel et je leur demande : Est-ce que c’est ça que, vous autres, vous avez compris? Et là, on s’assure qu’on s’est bien compris et qu’on est sur la même page.
[00:05:34 à 00:06:10]
L’autre côté qui est bien, bien important, très important, c’est parce que c’est des gros projets, il faut parler de budget. Il faut que ce soit clair. Il faut que ce soit très clair qu’est-ce que, par exemple, si j’ai une subvention du Conseil des arts, qu’est-ce que cette subvention-là couvre et eux, qu’est-ce qu’ils doivent mettre dans le projet. Alors, si c’est tout clair au début puis qu’il n’y a pas de méchante surprise, ça se déroule vraiment à merveille. J’ai jamais eu… je peux franchement dire, dans toutes ces années-là, parce que je suis mes propres conseils, j’ai jamais eu d’embêtes, là.
[FIN]
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Stef Paquette, musicien
Intervenant : Stef Paquette
Durée : 00:09:16
[00:00:00 à 00:00:10]
Bonjour. Moi, c’est Stef Paquette. Je suis auteur-compositeur-interprète, animateur à la radio, musicien, parent, humoriste, comédien et sex-symbol franco-ontarien. [Voix de fond : Yeah!]
[00:00:11 à 00:00:38]
Il y en a un [projet] qui m’a vraiment pris par surprise parce que ça a commencé avec vraiment pas grand-chose. Ça a commencé avec un atelier et c'est devenu un projet communautaire. Une dame en cinquième année — enseignante en cinquième année — à Val-Thérèse, à l’école primaire élémentaire Ste-Thérèse. Elle là, qui me dit : « Écoute, nous, on veut apprendre à écrire des paroles de chansons ». Pas de problème! On rentre là, cinquième année. Ils sont super le fun. Ils pitchent des affaires. C’est le fun de voir…
[00:00:39 à 00:01:04]
Et là, on a tout mis ça ensemble, les paroles. On n’a pas écrit un, mais deux textes de chansons que j’ai trouvés vraiment impressionnants. Et là, je me disais : Bon, c’est fini! C’était juste un atelier. Hé non! Le conseil scolaire m’a appelé après, ils ont fait : « Eille, on aime vraiment les paroles de telle chanson. » Je dis : Bien, c’est pas une chanson encore. C’est juste des paroles sur un papier. Ils ont dit : « On aimerait continuer ça. On aimerait que ça devienne plus gros. » Bon, OK, pas de problème!
[00:01:05 à 00:01:24]
Et donc là, cette même école, il y avait un groupe de jeunes — ils étaient cinq ou six — un groupe de jeunes qui apprenaient la guitare. Donc, j’ai travaillé avec eux autres. Ils ont trouvé des accords. Ils ont trouvé des mélodies. Et là, je me suis dit : Bien, la-voilà! On l’a chanté autour d’une table puis on l’a remis au conseil. J’ai fait : Bon, voilà ta petite chanson puis c’est terminé.
[00:01:25 à 00:01:52]
Le conseil qui rappelle : « Non, c’est pas assez! On aime tellement ça, on veut que t’ailles travailler maintenant dans une école secondaire parce qu’ils ont un programme de musique avec des jeunes musiciens exceptionnels. Et là, je veux qu’ils apprennent comment mettre une chanson ensemble. » Donc, les différents instruments, tu sais, s’il y a des silences, les arrangements, etc., etc. Je dis : OK, pas de problème. Donc là, je suis rentré là avec ce groupe-là de l’École secondaire catholique L’Horizon.
[00:01:53 à 00:02:25]
Et là, on a mis ça ensemble. Puis là, je me suis dit : OK, c’est cool! «Non! Là, on veut que t’ailles en studio. Je veux que les jeunes aient une chance de participer, de rentrer dans un studio musical professionnel, un studio d’enregistrement. » OK! On est allés faire ça. Et je trouvais ça cool de voir ces jeunes-là qui enregistrent cette chanson-là. Et là, je me dis : Bon! C’est fait. La chanson est enregistrée avec toute l’instrumentation. On a utilisé des jeunes de plein de différents niveaux scolaires. Deux écoles différentes. C’est terminé.
[00:02:26 à 00:03:20]
Hé non! Ils reçoivent la chanson. Tout le monde est en extase. Et là, on me rappelle encore : « Bien là, l’école a un programme de cinéma et télévision et de vidéo. On aimerait faire un vidéoclip avec cette chanson-là. » C’était le genre de projet qui ne finissait plus. Et finalement, on a intégré la chanson. On a le vidéoclip et tout ça. Et ça a terminé, à la fin de l’année scolaire, avec le groupe scolaire qui jouait une performance. Une performance de ma part également. On a invité l’autre école, les jeunes de cinquième et les jeunes de huitième année qui avaient participé dans le projet. Et là, on a présenté le vidéoclip avec la chanson puis ça a été un énorme succès. Et ça se retrouve sur YouTube. Tapez « Tout l’monde est pareil » et vous allez voir ce superbe vidéoclip créé en entier par des jeunes.
[00:03:21 à 00:03:47]
Pour moi, c’est très clair. Si tu fais un projet communautaire, si tu fais un projet avec plein de participants de différents âges, de différents niveaux, peu importe, il faut que tu réalises que le projet c’est le but. Si ton but de travailler dans le communautaire est vraiment de te faire flatter ou de pousser ta propre carrière, ton focus n’est vraiment pas à la bonne place.
[00:03:48 à 00:04:11]
Un projet communautaire, c’est plus grand que toi. Le but, c’est de laisser ces gens-là ou ces jeunes-là, peu importe, de participer le plus possible. Et puis ils vont te surprendre. Ils vont te surprendre à chaque fois. Tout le monde a des différents horaires, premièrement. Et surtout dans des écoles. Dans des écoles, c’est autre chose. Puis même des écoles élémentaires, ce n’est pas le même horaire que les écoles secondaires non plus.
[00:04:12 à 00:04:53]
Donc, ça, c’est vraiment un apprentissage. Il faut vraiment que tu sois vigilant. Et de savoir à qui parler directement. Parce que le problème aussi, si tu passes par la direction – et là, je n’enlève rien aux directions – mais les directions, ils en ont beaucoup dans leur assiette. Les directions, c’était comme la personne dans le milieu qui devait quand même elle-même communiquer avec les enseignants et les enseignantes qui participaient. J’ai dit, tu sais quoi? Je vais aller directement en personne. Je vais aller me présenter premièrement. Ça, c’est la bonne chose à faire. Voici, moi, je suis Stef Paquette, vous allez travailler avec moi ou j’aimerais travailler avec vous. Et là, d’assurer de communiquer directement avec les enseignants.
[00:04:54 à 00:05:23]
Et là, des fois, c’est des journées pédagogiques. Donc, il n’y a pas d’école. Il y a tellement de variables qui se passent dans une école qu’il faut vraiment que tu sois comme vigilant et t’assurer de bien lire et relire les horaires. Mais l’important, c’est que quand tu vois le produit fini, tu ne penses même plus à ces affaires-là. Tu dis : OK! Les gens qui participent, les qui ont participé dans ce projet-là, que tout le monde en soit fier.
[00:05:24 à 00:06:08]
Je trouve ça important, comme artiste, que tu ne dois pas arrêter d’apprendre. Ça, c’est important. Mais vraiment, avec le dernier projet que j’ai fait, c’était de redécouvrir l’amour de faire de la musique. Parce que moi, ça fait quand même 25 ans que j’ai décidé de plonger tête première dans les arts professionnels. De dire : Bon, tabarouette, à quoi je pensais? Mais là, tu sais, je gagne ma vie, moi, comme un artiste francophone en Ontario. C’est vraiment absurde! Et vraiment cool! Et pour moi, des fois, tu te perds là dedans. Tu te perds. Tu dis : OK, là, on pense juste à des contrats puis on pense juste à… Bien là, ça va me coûter combien? Mais là, je me fais payer combien?
[00:06:09 à 00:06:58]
Et là, dans ce contexte-là, communautaire, de voir ces jeunes-là, de voir leur face : « OK, good! On va finir notre chanson. » Et l’excitement qu’il y avait, et le bonheur qu’il y avait. Je me suis dit : Oh! Voyons donc! J’ai peut-être perdu un peu la raison pour laquelle je suis devenu artiste, ou la raison pour laquelle je fais de la musique. Puis ça, ça m'a vraiment beaucoup aidé de faire : Regarde, là, ces jeunes-là, ils ont aucune illusion d’être vedette, de se faire des millions de dollars, d’être populaire. Ils veulent juste vivre ce moment-là. Tu sais, on oublie ça, nous autres. On oublie ça, je pense, comme artiste. Je sais, moi, je l’ai oublié puis je trouve qu’avec ce projet là, ça m’a ramené à faire : Regarde, là, on va juste faire de la musique pour faire de la musique. Qu’est-ce qui arrive après, bien, sais-tu quoi, on va voir ce que ça donne.
[00:06:59 à 00:07:25]
Des partenariats, ça ne devrait pas toujours être au sujet de l’argent, premièrement. Des projets communautaires, ça ne devrait pas toujours être du côté argent. Puis je le sais, là, je le sais qu’on doit vivre, là, puis je sais que c’est notre… Je n’aime pas utiliser le mot « job », parce qu’un artiste, pour moi, c’est qui tu es. Je ne pense pas qu’il y a quelqu’un qui fait : « Bon, là, moi, je vais être artiste parce que… bien, ils sont en train d’embaucher, là, donc, je vais être artiste. » [Il rit.]
[00:07:26 à 00:07:42]
[0:07:17]
Qu’on fait avec beaucoup d’emplois d’ailleurs. Beaucoup d’emplois, ils font : « Bien là, il y a une ouverture. Ils cherchent. Je vais aller puis je vais travailler là 35 ans malgré que je n’aime pas ça, mais au moins, je fais assez d’argent pour nourrir ma famille. » Mais artiste, c’est plus… c’est plus gros que ça, tu sais. Puis, je pense que c’est…
[00:07:43 à 00:08:10]
Pour moi, l’intérêt… Pour moi, j’ai tout le temps dit : Pour moi, je vais prendre un projet ou un contrat si je réponds à deux des trois critères. Et mes trois critères, c’est : ça paie-tu? Je vais-tu avoir du fun? Est-ce que je vais apprendre quelque chose? Si je peux… je peux répondre deux de ces trois-là, je plonge. Pour moi, ça m’a vraiment aidé puis je suggère peut-être aux artistes professionnels de faire ça aussi.
[00:08:11 à 00:08:35]
Puis, tu sais, ayez du plaisir. N’arrêtez pas d’avoir du plaisir. Je pense qu’on se perd un peu là-dedans aussi puis… Puis je pense que du côté communautaire aussi, c’est important pour un artiste parce que nous, on… tabarouette qu’on demande tellement de notre communauté. Puis pour moi, on demande tellement, en tant qu’artiste. Quand on vient à mon show, partage ma musique, partage mon poster, partage ci, viens donc à mes affaires.
[00:08:36 à 00:09:16]
Puis à un moment donné, quand ta communauté dit : « Hé, ça serait cool que tu viennes nous aider. » Et si tu dis : Regarde, ça ne paie pas. Non! Je ne peux pas être là. À un moment donné, je fais : Attends minute, là! Retourne juste sur tes réseaux sociaux puis retourne voir combien souvent t’as demandé aux gens de partager tes affaires, toi, puis pour ton avancement professionnel puis pour ton avancement artistique. Puis là, eux autres te demandent une petite affaire. Puis tu fais : Ah, bien, bof, je ne sais pas… Donc, je pense qu’il y a vraiment… il faut vraiment revoir cette relation-là [avec] ta famille artistique et ta communauté comme telle aussi, tu sais?
[FIN]
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